Dylan nous emmène à la Maison Caillebotte et nous raconte son expérience de l’exposition « Figuration, un autre art d’aujourd’hui »
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En plein cœur de Yerres, c’est dans un cadre verdoyant et privilégié sur les bords de l’Yerres que la famille Caillebotte décide de s’installer. Entre 1860 et 1879, l’un des fils, un certain Gustave, réalisera 80 peintures : œuvres aujourd’hui incontournables du mouvement Impressionnisme. Mais ça, c’est une autre histoire !
Aujourd’hui, la Maison Caillebotte offre plusieurs espaces d’expositions. C’est que nous allons découvrir avec l’exposition « Figuration, un autre art d’aujourd’hui », qui présente des œuvres contemporaines.
Cette exposition met en lumière une trentaine d’artistes spécialisés dans l’art figuratif et s’étant malheureusement retrouvés « négligés par les institutions muséales », comme l’indique sombrement le site officiel de la maison.
Avant d’aller voir l’exposition, je vous conseille de faire une petite visite de la maison Caillebotte. Cette visite vous permettra d’en apprendre beaucoup sur l’artiste, son œuvre et sa vie… Les expositions présentes à l’Orangerie ne sont jamais pensées par hasard, et sont toujours en lien avec Gustave Caillebotte. En effet, durant l’exposition, je me suis surpris à relever des parallèles intéressants entre certaines toiles et la vie de Caillebotte !
Venez avec moi, je vous emmène découvrir cette exposition unique… et partir sur les pas de Gustave Caillebotte !
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Des artistes souvent oubliés
Cette exposition est dédiée aux « oubliés » de l’art figuratif. Des artistes novateurs n’ayant pas connu la gloire qu’ils méritaient, écartés des circuits officiels. Le parcours de l’exposition s’ouvre notamment sur un unique tableau d’Andrew Wyeth, que le commissaire de l’exposition Guy Boyer décrit comme si absent en France qu’il n’aura été « trouvé trace que d’une seule œuvre en mains privées, les musées français ne s’y étant jamais véritablement intéressés ». Une sensation de délaissement et d’abandon que je ressens en observant cette toile, représentant l’océan vu depuis les fenêtres d’un phare prenant presque l’aspect d’une prison.
Il est difficile de ne pas faire le lien avec Caillebotte, ici. Le mouvement impressionniste a d’abord été raillé par la critique académique de l’époque et boudé par le public français, avant de connaître sa gloire. Une gloire que Caillebotte ne pourra jamais voir naître, mourant en 1894, à l’orée de l’essor du mouvement. Alors que ses compères du cercle impressionniste connaîtront le succès après son départ, il faudra pour Caillebotte attendre la deuxième moitié du XXème siècle pour que son talent en tant qu’artiste soit finalement redécouvert, à l’initiative de collectionneurs américains.
Du reste, Caillebotte était, de son vivant, le mécène du groupe impressionniste, leur permettant une certaine visibilité et une forme de stabilité financière malgré le rejet des institutions. Je trouve donc d’assez bon goût que la maison Caillebotte poursuive cette cause plus d’un siècle après en donnant à nouveau voix au chapitre à des artistes laissés-pour-compte.
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Prisons grises
J’avance vers une autre salle, aux accents expressionnistes. Là, mon attention se porte directement vers les lugubres tableaux de Jean Rustin. On y voit des enfants, émaciés, aux traits grotesques et déformés par la misère. Tous sont enfermés dans un cadre grisâtre et sombre, où percent parfois quelques objets de mobilier venant signifier l’isolation de ces sujets au sein d’un intérieur urbain maussade.
En observant ces tableaux, je me souviens d’une anecdote sur la jeunesse de Gustave Caillebotte qui nous a été donnée durant la visite de la maison. L’une des raisons expliquant l’attachement de l’artiste à cette vaste propriété verdoyante, c’est qu’il la percevait comme une libération. Quand il ne demeurait pas au domaine, le jeune Gustave passait ses journées en pensionnat pour ses études. Un cadre bourgeois, strict et austère.
Si ses conditions de vie en pensionnat n’étaient probablement pas aussi désastreuses que celles représentées dans ces tableaux de Rustin, je ne peux m’empêcher de voir un peu de Caillebotte dans ces figures aux visages tristes, piégés dans un cadre gris et terne. La même comparaison revient à mon esprit quelques pièces plus loin, en découvrant les toiles de Gilles Aillaud et ses animaux gisant dans des cages de zoo exiguës, mornes et sans-vie.
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Inspirations japonaises
En continuant, je tombe sur quelques œuvres d’Anna Metz. Des représentations épurées et mystérieuses de végétations, de paysages difficiles à clairement définir. J’y reconnais une inspiration de l’ukiyo-e, mouvement artistique japonais au trait minimaliste et caractérisé par ses aplats de couleurs. Puis, dans la même pièce, je croise des pins représentés par Astrid de la Forest. Des œuvres à l’encre noire qui me rappellent cette fois-ci le sumi-e, mouvement originaire de Chine mais qui s’est principalement développé au Japon.
Une forte influence japonaise que l’on retrouvait chez les peintres impressionnistes. Ce phénomène d’influence exercé par l’art japonais sur les artistes français durant la fin du XIXème porte même un nom : le japonisme. Ce style artistique étranger, libre des contraintes académiques françaises que le groupe impressionniste souhaitait dépasser, a constitué un vrai choc pour Caillebotte et ses camarades.
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Précision photographique
Vers la fin du parcours, je tombe sur des tableaux de François Bard. Je suis alors immédiatement frappé par la précision du trait et la minutie de la technique, donnant un aspect presque hyperréaliste aux deux œuvres exposées. Les sujets représentés semblent si réels qu’on pourrait par mégarde confondre ces toiles avec des photographies.
Une minutie rappelant à nouveau Caillebotte, dont les toiles avaient notamment pour particularité de reprendre des techniques et cadrages propres à l’art photographique, qui venait de naître à cette époque. Un art pour lequel il vouait une certaine passion, notamment partagée avec son frère Martial qui était lui-même photographe.
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Une toile dans une toile
Puis, une fois le premier tour de l’exposition effectué, je décide d’en faire un second avant de partir. Il y a tant d’artistes exposés, tant d’œuvres à parcourir, tant de styles différents à observer que se contenter d’un simple aller me paraît insuffisant. C’est lors de cette deuxième inspection que je remarque de multiples tableaux présentant un motif similaire : celui de la mise en abyme. Ce tableau de Jacques Truphémus où l’on voit une série de portes ouvertes se substituant l’une à l’autre pour former un couloir infini de perspectives. Cet autoportrait d’Avidgor Arikha au sein duquel son visage n’apparaît que dans le reflet d’un miroir. Miroirs que l’on retrouve dans les œuvres exposées d’Erik Desmazières créant des jeux de reflets étourdissants.
Une perspective dans une perspective. Une boîte dans une boîte. Chacune de ces œuvres semble renvoyer à une autre. Je fais alors le parallèle avec mes observations sur les liens que j’ai tirés entre cette exposition et Caillebotte. Il est probable qu’aucun des artistes exposés n’ait pensé consciemment au maître impressionniste en peignant leurs propres œuvres. Et pourtant, je n’ai cessé de voir des reflets de Caillebotte tout au long de ma visite. Une toile dans une toile.
Que vous soyez intéressé par Caillebotte, par l’art figuratif ou simplement curieux de découvrir une exposition dépaysante, je ne peux que vous conseiller de vous y rendre à votre tour.
Vous y dénicherez probablement bien d’autres secrets ayant échappés à mon regard…
L’exposition « Figuration, un autre art d’aujourd’hui » vous accueille jusqu’au 22 octobre 2023 à la Ferme Ornée de la Maison Caillebotte.
L’accès est gratuit et ouvert à tous, du mardi au dimanche de 14h à 18h30.
Retrouvez toutes les infos sur la Maison et l’exposition sur maisoncaillebotte.fr
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